7953 jours auparavant
Il y a, à mon avis, un fil conducteur qui relie Adolphe Sax et François Louis.
A part la nationalité commune, les deux partagent un génie et un esprit au service de la musique et des musiciens, une capacité rare à conjuguer intellect, rationalité et folie artistique, à mélanger le savoir et le ressenti, le rêve et l’invention.
J’ai eu la chance d’essayer l’Aulochrome en mars 2002, quand il était encore à l’état de prototype en phase d’élaboration. C’était assez bouleversant, comme experience.
J’ai éprouvé attraction, respect, peur, familiarité, émerveillement, timidité, désir, joie.
Je crois que cet instrument apportera une contribution importante à l’histoire du saxophone et de la musique. Sa sonorité est nouvelle, puissante et mystérieuse; ses possibilités poussent les limites des instruments à anches très très loin; son méchanisme est plus que nouveau, il est révolutionaire. Il est évidemment le résultat d’une profonde connaissance physico-mécanique et d’une intuition phénoménale; la sensation est finalement de jouer sur un sax qui n’a pas de méchanisme, tellement tout est si fluide, rapide et léger. Tout devient plus naturel et facile, y compris l’émission et l’articulation. Et puis il y a la magie des doubles et triples sons, de tous les intervalles, du contrôle de la justesse (des justesses) et de l’expression.
Quand j’ai assisté, en octobre 2002, à la première mondiale de “Fanfare III” de Ph. Boesmans pour Aulochrome et orchestre à Paris, j’ai revécu tout ça et aussi de nouvelles sensations, suggerées par l’écoute de sa maîtrise, et surtout j’ai découvert l’Aulochrome dans son rapport aux autres instruments, à un scénario musical et ça m’a ouvert encore plus la porte de l’imagination vers un futur riche de nouvelles aventures et explorations dans la musique qui viendra.
Je connais François depuis 13 ans et tout ce que je l’ai vu faire, pour lui même, pour moi ou pour d’autres musiciens, a toujours été au niveau maximum, au sommet de la qualité et de la précision.
Avec l’invention de ce merveilleux instrument, je lui souhaite tout le mieux possible car il le mérite. Comme le mérite la musique du futur.
Emanuele Cisi febbraio 2003← Joe Lovano | | Steve Coleman →